Sommeil et attachement : dormir sans rien briser 

Temps de lecture: 6 minutes

Je ne suis pas psychologue. Mais après 12 ans à accompagner les familles à trouver des solutions sommeil adaptées à leur dynamique et au tempérament de leurs enfants, on pourrait dire que j’ai une pas-pire expertise dans le domaine du sommeil des enfants de 0 à 5 ans.

On pourrait aussi dire que je possède une pas-pire expertise de type relation humaine qui s’est construite au fil des années à m’entretenir avec des parents épuisés, à bout de ressources, qui veulent dormir.

Des parents qui ne savent plus par où commencer, qui semblent avoir tout essayé, qui ont lu tous les livres possibles et inimaginables sur le sujet. Des parents qui n’en peuvent plus des soirées interminables, des multiples réveils nocturnes. Des parents qui n’arrivent plus à fonctionner adéquatement au quotidien, qui repoussent le retour au travail parce qu’ils n’en ont pas la force. Des parents qui se chicanent en pleine nuit car personne ne s’entend sur le plan de match sommeil.

Des parents qui aiment leurs enfants, mais qui ne sont plus capables de gérer l’heure du dodo, qui ne veulent pas les laisser livrés à eux-mêmes, mais qui ne sont plus capables de les accompagner de façon bienveillante parce qu’ils sont É-C-O-E-U-R-É-S…

« On ne peut pas le laisser pleurer, ce n’est pas bon pour le lien d’attachement »

Vrai. Laisser un humain, peu importe son âge, pleurer seul dans le noir est synonyme de « je me tabasse un peu de tes besoins émotionnels ». Tu ne laisserais pas pleurer ton amie Julie jusqu’à ce qu’elle s’endorme au bout de ses pleurs hein ? C’est juste du gros bons sens au final et nous n’avions pas besoin d’études scientifiques pour nous le rappeler…

Et là : calme-toi, ma chère Suzanne*, je tiens à dire que je suis complètement pour les études scientifiques, ce n’est pas la question. Nous avons besoin d’experts en la matière pour nous outiller et nous orienter. BIG UP à tous nos docteurs et chercheurs qui font un travail extraordinaire.

Et je me permets aussi d’ajouter cet aparté : si tu as laissé pleurer ton bébé par manque de ressources, de patience ou par peur de le secouer car ta fatigue a pris le dessus, je t’en supplie, arrête de t’auto-flageller. Ça peut arriver aux plus fortes des guerrières. Cependant, les plus fortes des guerrières sont aussi capables de demander de l’aide quand le besoin s’en fait sentir. Ne reste pas seule avec ta culpabilité et ton manque de sommeil : fais quelque chose car non, laisser pleurer un humain n’est pas un entraînement au sommeil. Tout comme courir un marathon n’est pas une initiation à la course à pieds…

Donc oui, laisser pleurer un humain, sans jamais intervenir, peut être dangereux, non seulement pour le lien d’attachement, mais aussi pour sa sécurité… Je ne dirai jamais assez que la prévention dans l’information sommeil est primordiale pour éviter d’en arriver à ce stade, mais on a encore beaucoup de boulot à faire…

L’entraînement au sommeil visant l’autonomie n’affecte pas le lien d’attachement

Cependant, j’aimerais mettre les points sur les « i » et les barres sur les « t ». Un lien d’attachement se bâtit au quotidien, tous les jours, toutes les heures, et non pas uniquement à l’heure du dodo.

Si tu participes pleinement au développement global de ton enfant, que tu prends le temps de lire ce billet de blogue, de consulter des professionnels, que tu fais foncièrement de ton mieux chaque jour, que tu le nourris, le cajole, le console, que tu prends le temps de répondre à ses 117 questions / minutes, que tu le protèges, l’éduques et l’aimes à la folie, même quand tu es fâchée parce qu’il a dessiné au sharpie sur tes murs blancs : tu es une mère suffisamment bonne, comme dirait Dr Donald Winnicott.

Faut vraiment arrêter de faire rimer sommeil et attachement. Ça va ensemble, oui, mais je pense que ce n’est pas la discipline bienveillante à l’heure du dodo qui brise le lien d’attachement. Mais plutôt ton manque de sommeil qui t’empêche d’être pleinement présente et qui peut devenir un sacré irritant familial…

Le fait d’être déjà tannée de penser à l’heure du dodo dès 16h t’empêche d’être pleinement présente et sécurisante pendant la routine. Et ton enfant, grâce à ses neurones miroirs, le ressent.

Résultat : il est incapable de s’apaiser et de trouver le sommeil, car il voit bien qu’il y a quelque chose qui cloche. Il t’appellera donc plusieurs fois avant de tomber de fatigue, probablement après avoir pleuré – crié – demandé à boire et à aller à la salle de bain plus souvent en quelques heures que pendant toute la journée. Même chose chez un bébé. Si la routine du soir se fait les dents serrées, accompagnée de lourds soupirs, tu n’es pas pleinement connectée. Et c’est pourtant la clé du dodo : le sommeil pleine conscience.

« Si je le laisse pleurer, il finira par ne plus jamais demander d’aide… »

Autre beau sujet qu’est l’impuissance acquise. Il est vrai que les enfants trop longtemps négligés peuvent développer l’impuissance acquise et ne plus pleurer du tout, même s’ils ont besoin. Mais on parle ici de négligence parentale. Au quotidien. À l’heure du repas, en situation d’urgence, lors d’un malaise physique… Un parent négligent est un parent absent. L’entraînement au dodo visant l’autonomie n’est pas de la négligence parentale… 

L’entraînement au dodo visant l’autonomie n’est jamais obligatoire. La philosophie Bedaine Urbaine prône le vivre et laisser vivre très large. Tu peux accompagner tes enfants jusqu’à endormissement total toute la vie si tu es comblée. Tu peux aussi vouloir du temps pour toi, tu comptes aussi. 

Peu importe la façon que tu choisis d’être la meilleure maman pour tes enfants, sache qu’il y a autant d’approches sommeil possibles qu’il y a d’enfants sur Terre. Et promis, chez Bedaine Urbaine, on ne brise aucun lien d’attachement…

*Qui est Suzanne ? Un personnage inventé de toute pièce qui fait un malheur sur nos réseaux sociaux. Tu sais, celle qui connaît tout sur tout, pleine de bonnes intentions, et qui ne peut s’empêcher de te donner des conseils non-sollicités et adaptés à sa propre réalité ? On l’aime Suzanne, mais on aime moins sa pseudo-expertise et son goût pour la controverse…

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